Un développement à l'international

L'IFERISS a un rôle-clé à jouer dans le développement d'activités scientifiques autour des questions de Santé Société avec la construction durable d'un réseau de recherche à l'échelle internationale. Ainsi ces dernières années, la fédération travaille avec des partenaires scientifiques internationaux comme le Centre de recherche Léa-Roback sur les inégalités sociales de santé de Montréal (Canada) et le laboratoire Social Média Lab (SML) de l'Université Catholique de Louvain (Belgique) dans le cadre de projets de recherche interdisciplinaires.

L'Institut Santé et société de l'UQAM

De par sa mission de favoriser le développement de la recherche sur le bien-être et la santé de la population menée par ses laboratoires membres, avec une préoccupation marquée pour les groupes défavorisés et marginalisés, et à en accroître la visibilité auprès de la communauté scientifique ainsi que de divers acteurs aux niveaux local, national et international, l'IFERISS collabore étroitement avec l'Institut Santé et société (ISS) de l'Université du Québec à Montréal (Canada).

Depuis 2018, un programme de coopération internationale consistant en la création d'un Pôle d'excellence en recherche sur les inégalités sociales, sexuées, genrées, territoriales et environnementales de santé dans la francophonie (PERSISTES) réunit les deux instituts. Ce programme est financé dans le cadre de l’appel à projets Samuel de Champlain pour une durée initialement de deux ans, prolongé de deux années du fait du contexte de pandémie soit jusqu'au 31 décembre 2022.

Le premier volet de ce programme propose aux doctorants toulousains et québécois des 6 bourses pour des mobilités doctorales de quatre semaines, soit 3 bourses à Toulouse et 3 bourses au Québec.

Le second volet de ce programme vise à comprendre la persistance des inégalités sociales de santé et développer des manières de les réduire, préoccupations centrales des deux instituts. C’est dans cette démarche qu’il s’arrime à la priorité de l’innovation sociale, comprise comme un processus social visant un changement durable en réponse à un besoin social. La persistance des inégalités atteste que nos anciennes manières de faire n’ont pas réussi autant que souhaité à les réduire et appelle le développement de solutions nouvelles. La perspective interdisciplinaire, partenariale et participative du présent projet, reflet de la recherche qui se réalise dans nos instituts, permet la rencontre de multiples voix vers l'avancement des connaissances et d'actions nouvelles orientée vers un monde plus sain et plus équitable. S’appuyant sur une perspective d’intégration de la recherche, de la formation et de l’intervention, cette collaboration scientifique se construira en s’appuyant sur diverses activités visant l’atteinte de nos objectifs, l’enrichissement et la diffusion de connaissances et de pratiques.
Quatre axes de recherche sont retenus pour leur pertinence en regard des inégalités en santé : enfance, développement urbain, systèmes de santé, sexe et genre, ce dernier étant transversal aux trois autres.

Axe 1 : La construction des inégalités sociales de santé dès l’enfance

L’environnement dans lequel grandissent les enfants est à l’évidence sujet à des évolutions rapides. Les avancées dans les domaines de la neuroscience, de la biologique moléculaire et du génome révèlent que les expériences vécues lors des premières années de vie incluant la période utérine modifient la structure du cerveau et créent des mémoires biologiques qui influenceront l’individu tout au long de son existence (Shonkoff, 2010). Par exemple, il est maintenant reconnu que de nombreux défis de la société actuelle comme les problèmes de santé mentale, l’obésité, les maladies du coeur, la criminalité, mais aussi les compétences en littératie et en numératie trouvent racine dans le développement dès la petite enfance (Irwin et al., 2007). Les interventions qui, dès le plus jeune âge, mettent l’accent sur l’amélioration de la qualité de vie, le renforcement des capacités individuelles et les interactions bienveillantes atténuent les effets de l’adversité sociale ou économique (Pikhart et al., 2014). Les thématiques de recherche qui seront développées incluront le stress périnatal chez les femmes vivant en contexte de vulnérabilité (p. ex. violence conjugale) et les interventions préventives précoces pour soutenir le développement des enfants vivant en contexte de défavorisation.
Cet axe est co-piloté par Julie Poissant et Chantal Zaouche Gaudron.

Axe 2 : Développement urbain, milieux de vie et inégalités territoriales et environnementales

La lutte contre les
changements climatiques, l’aménagement des espaces urbains et les mobilités ont des impacts multiples sur la vie, la santé mentale, le bien-être et la santé des personnes. La qualité des logements, les mobilités quotidiennes, les espaces verts, les services disponibles localement et le tissu social des communautés locales participent de la construction des milieux de vie des personnes qui déterminent la santé, directement, mais aussi indirectement par exemple par les comportements qu’ils suscitent ou les valeurs et normes à l’échelle des quartiers. Caractériser les milieux locaux dans leurs aspects socio-environnementaux et analyser les inégalités sociales et de genre résultant des projets d’aménagement du territoire urbain, pour améliorer leur impact sur la santé, constituent les objectifs de cet axe.
Cet axe est co-piloté par Janie Houle, Mathieu Philibert et Thierry Lang.

Axe 3 : Les inégalités de santé liées aux transformations des systèmes de santé
En France comme au Québec, l’effort continu pour contenir l’accroissement des dépenses liées à la santé se fait dans un contexte de population vieillissante et davantage concernée par des maladies chroniques. Il est à craindre que les inégalités sociales de santé déjà importantes ne se développent davantage (Lang, 2017). Les réformes des politiques de soins misent sur l’autonomie des personnes soignées. Dans de telles configurations d’organisation des soins est observée une "réduction du temps d’exercice médical effectivement disponible" (Maurey, 2013, p.25). Le développement de services comme l’e-santé sont censés soutenir les personnes sans que les conditions de leur autonomie soient toujours contestées, notamment en ce qui concerne la littératie de santé ou technologique (Mayère, 2018a). Dans cet axe, nous nous intéressons aux impacts de ces transformations sur le travail tant des soignantes et soignants (Gilbert et al., 2018 ; Mayère et Grosjean, 2016 ; Mayère et al. 2012) que des soignés-es risquant d’expérimenter des formes renouvelées de vulnérabilité (Mayère, 2018b). Il s’agit d’identifier des dynamiques de changement susceptibles de ne pas accroître les inégalités sociales de santé et de soutenir les apprentissages et l’amélioration des services.
Cet axe est co-piloté par Frédéric Gilbert et Anne Mayère.
Axe 4 : Inégalités de santé relatives au sexe/genre

Bien qu’on les conteste aujourd’hui, la distinction binaire entre les hommes et les femmes et l’hétéronormativité demeurent largement présentes dans toutes les sphères de nos sociétés (Kachel et al., 2016). Les hommes et les femmes sont distingués en regard de leur biologie, mais aussi des rôles et des responsabilités qu’on leur dévolue et par leur positionnement social dans la famille et la communauté au sein desquelles ils ou elles vivent (Ostlin et al., 2007). Le choix d’utiliser l’expression « sexe/genre » pour cet axe reflète qu’il est impossible dans les situations de vie réelles d’opérer une distinction nette entre sexe (biologique) et genre (social) (Messing, 2007). Malgré des appels répétés depuis plus de 20 ans pour l’intégration du sexe/genre dans la recherche et dans l’application des connaissances, beaucoup de chemin reste à faire pour leur intégration systématique, le développement de méthodes de recherche appropriées et d’outils d’application de connaissance (Johnson et al. 2009, Messing et al. 2019, Saint-Charles et al., 2012, Tannenbaum et al., 2016). Les travaux de cet axe mettront particulièrement l’accent sur la recherche, l’adaptation et le développement de méthodes qui assurent la prise en compte du sexe/genre dans les recherches et interventions sur les inégalités de santé.
Cet axe est co-piloté par Johanne Saint-Charles et Michelle Kelly-Irving.